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INFINI – Historique
Dans
l'histoire, les interrogations sur l'infini étaient surtout philosophiques. Elles
s'appliquaient essentiellement au temps et à l'espace: l'âge de l'Univers et
sa taille. Évidemment, on savait que l'on pouvait compter indéfiniment et, même que les nombres premier étaient en nombre infini. Mais, il a fallu attendre Cantor pour développer une véritable mathématique appliquée à l'infini. |
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Le symbole et autres Le symbole
représente un huit couché ou huit paresseux. En
mathématique, c'est une lemniscate.
À rapprocher aussi du ruban de
Möbius et de son parcours infini. Autre
symbole plus courant: les trois points. Par exemple, pour définir l'ensemble
des nombres entiers: = {0, 1, 2, 3 …}. La cardinalité (taille) de
l'infini est symbolisée par la première lettre de l'alphabet hébreux: Aleph (). C'est Cantor d'origine juive qui a donné ce nom. En grec, L'infini
se disait " apeiron ". Ce mot
péjoratif désignait l'infini et l'indéfini. Le chaos
originel s'appelait aussi " apeiron ". Romains
Ce symbole était utilisé par les Romains pour représenter
1000, puis un grand nombre. En 1665, John
Wallis, Professeur à Oxford, il utilisa ce symbole pour désigner
l'infini pour la première fois dans " Arithmetica
Infinitorum ". Mais, il ne fut généralisé qu'en 1713
grâce à son adoption par Bernoulli. En 1700, Il
apparaît sur une carte de tarot comme auréole du "
Mage ". La lettre
cabalistique en hébreu
est aleph ( ) qui sera utilisée par Cantor pour nommer
les différents infinis mathématiques. |
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Quand est apparue la
notion d'infini? À quel âge
un enfant peut-il apprécier cette notion? Et, à l'origine des temps? Très
difficile à s'imposer dans l'histoire, cette notion renvoyait à Dieu
Tout-Puissant. Le monde fini a été créé pour l'homme. Les Grecs Ve siècle av. J. C. Zénon
d’Elée: antinomie
sur la divisibilité à l’infini d’un segment de droite. VIe siècle av. J. C. Pythagore
et son école: découverte de racine
deux. Un nombre aux décimales en quantité infinie, un nombre irrationnel. IVe siècle av. J. C. Aristote:
le continu est divisible à l’infini en puissance. L’infini c’est ce qui ne se
laisse pas parcourir et n’a pas de limite. Problème: l'infini n’ayant pas de limite, il ne peut être déterminé.
Conséquence, il n’existe pas en soi. Dilemme: si une quelque chose est infini, ses parties devraient, elles aussi,
être infinies. Alors, il y aurait l'infini des parties et celle plus grande
du tout. Impossible à imaginer! À imaginer
en acte, disait Aristote. D'autant que le tout est plus grand que l'une
quelconque de ses parties, disait Euclide. Aristote conclut que l'infini physique ou actuel
n'existe pas, il est seulement pensable comme infini potentiel,
comme quantité qui augmente ou diminue sans fin. IXe s. Thabit ibn Qurra:
un
infini peut être plus grand qu’un autre. Il y a plus d'entiers sue de pairs.
Mais, l'infini des pairs est égal à l'infini des impairs. Au XIIe siècle Bhaskara ou Bhaskaracharya
(1114 – 1185) n'hésite pas à faire de l'arithmétique avec l'infini: infini +
n = infini; n divisé par 0 = infini … Moyen-âge - Europe Infini
comme l'Être suprême, le Dieu, parfait et omnipotent. >>> |
Au XVIIe siècle Galilée (1564-1642) questionne: est-ce que la quantité des
nombres entiers est plus grande que celle de leur carré. Blaise Pascal
(1623-1662) écrit, au sujet des deux infinis, l'infiniment petit et
l'infiniment grand: Leurs
extrémités se touchent et se réunissent à force de s'être éloignées, et se
retrouvent en Dieu et en Dieu seulement. Spinoza (1632-1677) distingue: le vrai infini, celui de la substance considérée
dans sa totalité, indivisible, et le faux infini, l’infini de l'imagination, celui
qui apparaît avec les nombres. Newton (1642-1727) et Leibniz (1646-1716) développent le calcul infinitésimal
indépendamment et sous des formes différentes. |
Au XIXe siècle, Bernard Bolzano
(1781-1848) publie Les paradoxes de
l’infini. Avec lui commence l’histoire moderne de l’infini mathématique.
Il découvre que le cardinal des segments [0,1] et celui du segment [0,2] sont identiques. Il est le
premier à défendre l'idée que l'infini peut être introduit en calcul
mathématique et dans le calcul infinitésimal en particulier. Gauss
(1777-1855) y était opposé! Il est le
premier à fonder une vision mathématique de l’infini actuel. En caractérisant
un ensemble par ses propriétés, sa totalité est appréhendée. Inutile
d'énumérer tous les éléments Pour lui,
Dieu n’est infini que par les aptitudes infinies que nous lui attribuons. La notion
mathématique d'infini Elle
s'impose en 1873 grâce aux travaux de Georg
Cantor (1845-1918).
Voir
Plus que l'infini Il montre
que le nombre de point sur une droite est plus infini (transfini, disait-il) que
l'infini des nombres entiers. C'est la puissance du continu, dit-il. Henri Poincaré
(1854-1912) n'adhérait pas à ce concept. |
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ÉPOQUE |
NOM |
IDÉE |
MONDE LIMITÉ |
MONDE INFINI |
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VIe s av. J.-C. |
Anaximandre de Milet |
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Monde fini dans un
espace infini. |
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Monde: bulle d'air
dans une masse liquide infinie. |
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Ve s av. J.-C. |
Démocrite Leucippe |
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Nombre infini d'atomes depuis toujours dans un nombre
infini de mondes (Atomistes). |
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500 av. J.-C. |
Anaxagore de Clazomènes |
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Nombre infini de grains dans le monde. |
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IV è s
av. J.-C. |
Eudoxe de Cnide |
Dieu, ou l'Unique, est
infini. |
Monde et ciel sont
finis, clos par une sphère ultime. Au-delà, il n'y a rien. |
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384 - 322 av. J.-C. |
Infini potentiel,
non actuel; nécessité mathématique.
Opposé à l'infini
réel. |
Il n'y a rien à
l'extérieur de la dernière sphère céleste. |
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Selon Aristote, une grandeur peut être infinie de trois
manières: - par
composition comme les nombres; -
par division comme la matière qui peut se diviser à l'infini; ou -
par le temps comme les mouvements célestes qui n'ont ni commencement ni fin |
341 - 270 av. J.-C. |
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Atomiste. |
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212 av. J.-C. |
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Voit l'infini en
acte et non en puissance. |
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Archimède dénombre les grains de sables nécessaires
pour remplir la sphère des étoiles fixes: 1063 Nombre très
inférieur au plus grand nombre qu'il savait écrire avec les symboles dont il
dispose: 10800 000 000 |
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Atomiste.
La fléchette plantée sur le fond de l'Univers |
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150 |
Claude Ptolémée |
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Les cieux sont
divins. |
Royaume physique se
change progressivement en royaume spirituel habité par les dieux (Empyrée). |
V è s |
Archytas de Tarente |
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Il est absurde de
penser que je ne puisse pas tendre la main à l'extrémité du ciel. |
500 |
Jean Philopon |
Le monde a été
créé. |
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850 |
Al-Kindi |
Nie l'éternité du
monde. |
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1000 |
Avicenne |
Les âmes sont en
nombre infini. |
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Non seulement Dieu
est infini, mais il peut avoir des pensées infinies. |
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1340 - 1412 |
Hasdaï Crescas |
L'infini existe en
acte. |
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Pluralité de mondes
infinis; existence du vide spatial. |
1401 - 1464 |
Nicolas de Cues |
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L'Univers est infini car il est l'œuvre
de Dieu qui ne saurait être limité dans ses œuvres. |
1473 - 1543 |
Nicolas Copernic |
La Terre n'est pas au centre de l'Univers. |
Monde clos,
immense, non mesurable. |
Univers au moins 2000 fois plus grand
que celui de Ptolémée: un petit pas vers l'infini. |
1548 - 1600 |
Giordano Bruno |
Père de la
cosmologie infinitiste: brûlé pour ses idées. |
Rejette la sphère
des étoiles fixes. L'horizon n'est qu'un bord apparent qui se déplace avec
l'observateur. |
Le ciel, une
immense région éthérée; vie perpétuelle; multiplicité des mondes. |
1546 - 1601 |
Tycho Brahé |
Observation des
étoiles. |
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1576 |
Thomas Digges |
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Les étoiles s'étendent infiniment vers le
haut. |
1571 - 1630 |
Johannes Kepler |
L'infini est
métaphysique; non compréhensible par la pensée. |
Infinité de
l'Univers non fondée sur l'expérience; pas de signification physique. |
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1564 - 1642 |
Galileo Galilei |
Observation à la
lunette. |
Il est encore
incertain si le monde est fini, ou... |
...au contraire,
infini. |
1596 - 1650 |
René Descartes |
Lois unifiées de
l'univers. |
L'entendement fini
reconnaît l'infini mais,... |
...l'infini est
réservé au créateur. |
1623 - 1662 |
Blaise Pascal |
Le silence éternel
de ces espaces infinis m'effraie. |
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1642 - 1727 |
Isaac Newton |
Calcul infinitésimal
Mécanique céleste. |
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La gravité a une portée infinie; l'espace
et le temps sont infinis. |
1646-1716 |
Leibniz |
Infiniment petit ou
grand sont des auxiliaires de calculs pour un résultat final fini. |
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1724 - 1804 |
Emmanuel Kant |
Le monde est
infini, car Dieu est infini et que le monde dépend de Dieu. |
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Ses univers-îles
préfigurent la découverte des galaxies |
fin du XVIII |
Wilhelm Olbers |
Paradoxe d'Olbers ou de la nuit noire. |
Si l'espace est
infini, on devrait trouver une étoile en toute direction.
Ca n'est pas le
cas: l'espace est fini! |
Le ciel devrait
être aussi brillant que le Soleil. |
1809 - 1849 |
Edgar Poe |
Texte prémonitoire
" Eurêka ". |
Le temps n'est pas
infini; les étoiles n'ont pas toujours existé. |
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Début du XXe |
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L'Univers en
expansion. |
L'énergie lumineuse
se dilue et diminue avec le temps. |
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1879-1955 |
Albert Einstein |
Cosmologie
relativiste: espace-temps courbé par la matière. |
Monde a la fois
fini (mesurable) et ... |
... sans limite. Mais
statique! (erreur!). |
1924 |
Edwin Hubble |
Télescope du Mont
Wilson de 2,5 m. |
Andromède
est hors de notre Galaxie; C'est
elle-même une galaxie parmi des milliards. |
Et elles
s'éloignent de la nôtre à des vitesses proportionnelles à leur distance. |
1927 |
Georges Lemaitre Alexandre Friedmann |
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L'espace entier se
dilate au cours du temps |
L'espace se
dilate comme un soufflé; les galaxies
s'éloignent les unes des autres comme les raisins dans le soufflé. (Attention:
l'image du ballon de baudruche n'est pas bonne). Ce modèle
suppose l'espace isotrope (mêmes propriétés partout). Mais le signe de la
courbure reste à être déterminé! Celle-ci dépend de la densité moyenne de
matière que le monde contient. Selon qu'elle est supérieure ou inférieure à
une valeur critique (10-29 g/cm3) la courbure de
l'espace est positive ou négative. l'espace serait alors fini (replié sur
lui-même sous l'effet de sa propre gravitation)
ou... infini. La densité
observée aujourd'hui est 10 fois inférieure à la valeur critique. L'espace
serait donc infini. On recherche la masse manquante qui serait
basculer le monde infini en Univers fini! |
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Bolzano |
Infini et fini:
même statut. |
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Georg Cantor |
Infini et
transfinis.
Théorie
mathématique de l'infini. |
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L'Univers ne gonfle
dans rien du tout,
puisqu'il n'y a pas d'espace en dehors de lui-même. |
Si bornée que soit la nature humaine, elle porte pourtant en
elle, c'est inhérent, une très grande part d'infini. Georg Cantor 1883 |
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Et aujourd'hui,
qu'en pense-t-on? Il reste
encore des problèmes intéressants à résoudre sur l'infini et les transfinis! Par
exemple le premier problème
de Hilbert. Est-on sûr qu'il n'y a pas une étape
entre le dénombrable (0 ) et le
continu (1 ). Après
les travaux de Gödel (1938) et Cohen (1963), cette question, dite
" hypothèse du continu "
serait indécidable. Mais surtout, la dualité fini / transfini continue de
tracer dans l'ensemble des mathématiques une ligne de partage, que les
mathématiciens redéfinissent sans cesse sans jamais l'abolir. Les acteurs
|
Voir Hypothèse du continu –
Historique
Suite |
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Voir |
Histoire
– Index |