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Les nombres premiers sont les atomes mêmes de
l'arithmétique. Ce sont les nombres indivisibles, qu'il est impossible de décomposer
sous la forme d'une multiplication de deux nombres plus petits. 13 et 17 sont
des premiers, ce qui n'est pas le cas de 15, que l'on peut également écrire
en tant que 3 fois 5. Ils sont les pierres précieuses enchâssées dans
l'immense étendue de l'univers infini des nombres, que les mathématiciens
explorent depuis des siècles. Ils sont pour eux une source d'émerveillement :
2, 3, 5, 7, 11, 13, 17, 19, 23... nombres hors du temps qui existent dans un
monde indépendant de notre réalité physique. Pour le mathématicien, ils sont
un don de la Nature. |
Voir
Pensées
& humour / Citations de
mathématiciens
NOMBRES PREMIERS – Historique
Connus depuis l'Antiquité.
Objets de nombreuses recherches.
Course au nombre premier le plus
grand. Utilisation des ordinateurs,
et la course aux records se poursuit de plus belle. |
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Os d'Ishango Les plus anciennes traces des nombres premiers ont été trouvées près
du lac Édouard au Zaïre (Congo), non loin des sources du Nil. Il s'agit d'un os
de plus de 20 000 ans, appelé l'os d'Ishango, découvert en 1950. Cet os qualifié de «plus vieil objet mathématiques de l'humanité»,
exposé au Muséum des sciences naturelles de Bruxelles, est recouvert d'entailles
représentant les nombres 11, 13, 17 et 19 (avec beaucoup d'imagination !). Ces nombres sont premiers : est-ce un hasard ou l'ébauche d'une
table de nombres premiers ? La question reste ouverte. Voir Nombre
60 |
Les Grecs Le grec Pythagore
(-580 à -490) fonde l’école
Pythagoricienne qui va durer environ 10 générations. Ces passionnés par
l'Arithmétique étudient la notion de diviseur et découvrent les nombres
parfaits. Sans lui donner ce nom, les nombres premiers devaient donc être connus
par Pythagore et ses adeptes. Dans les écrits de Philolaos
(env. -470 à -390), les nombres premiers sont cités comme une classe
particulière de nombres. La première allusion concrète aux nombres premiers est faite par Aristote
(-384 à -322) dans un passage de ses Seconds
analytiques. Dans la Métaphysique,
il distingue le composé et l'incomposé et "l'incomposé vient avant le
composé". |
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Savants arabes Le grand savant arabe, Ibn al-HAYTHAM ou ALHAZEN (né à
Bassora en Irak actuelle en 965, mort au Caire en 1039) établit que : Si p est un
nombre premier alors n = (p – 1)! + 1 est divisible par p. Cette propriété est connue sous le nom de théorème
de Wilson. |
Exemple avec p = 7: 6! = 720, et 721
/ 7 = 103. Soit le tableau:
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Voir Brève de
Maths 551
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Chinois
Ils formulent une hypothèse.
Pour tout premier p : 2p - 2 est divisible
par p. Grecs
Les mathématiciens
grecs connaissaient bien les nombres premiers.
L'école de Pythagore (500 à 300 av. J.-C.) prêtait un rôle mystique
aux nombres. Ses membres s'intéressaient aux nombres premiers, parfaits et amiables.
Euclide, vers 300 av. J.-C. ,
publie " les Éléments "avec du nouveau sur les nombres
premiers: Ils sont en nombre infini. La démonstration est la première preuve
par l'absurde de l'histoire . Il prouve le théorème fondamental de l'arithmétique:
tout nombre
est le produit unique de facteurs premiers (sauf à changer l'ordre des
facteurs). Il montre que si 2n
- 1 est premier alors 2n-1 ( 2n - 1)
est parfait. Euler (1747) montre que tous les
nombres parfaits pairs sont de cette forme.
Ératosthène,
vers 200 av. J.-C., invente son crible qui
permet de trouver les nombres premiers: pour chaque nombre tête de liste, on
barre tous ses multiples. |
Ensuite
…
Plus rien pendant longtemps: la période noire ! |
Cataldi
En 1588, Pietro Cataldi donne les nombres premiers
suivants : M17
= 217 – 1 = 131 071 (M pour Mersenne) M19
= 219 – 1 = 524 287 M23,
29, 31 et 37 , selon lui, sont aussi premiers, ce qui n'est pas
complètement exact! |
Mersenne
(1588-1648)
Ce moine français, Marin Mersenne, s'intéresse aux nombres de la
forme 2n – 1 qui sont souvent premiers. |
Au début du XVIIe siècle, Fermat prouve que: Tout nombre premier de la forme 4n + 1
est la somme unique de deux carrés (une intuition d'Albert Girard). Exemple: n = 3 alors 4n + 1 =
13 = 9 + 4 = 3² + 2² Tout nombre est la somme de 4 carrés, au plus. Si p est premier alors a p = a modulo p. Il invente une méthode
de factorisation des nombres composés. Exemple: 2 027 651 281 = 44
021 x 46 061 Il correspond avec
le moine Mersenne (nombres de la forme 2n – 1) alors que Fermat s'intéresse à ceux de la forme 22^n
+ 1.
En 1640, Fermat montre que si p est un nombre premier impair,
alors tous diviseurs premiers de 2p – 1 sont de la forme 2kp
+ 1. |
Goldbach
(1690-1764))
En 1742, il propose sa conjecture à Euler: Tout nombre entier pair
est somme de deux premiers. |
Au
début des années 1700, on connaissait tous les premiers jusqu'à 100 000 grâce
à un mathématicien amoureux des nombres: John Pell. Vers
1800, on les connaissait jusqu'à un million. Vers 1850, Jacok Kulik eut l'ambition d'aller jusqu'à
100 millions. Un certain Hildenburg utilisait des réglettes pour simuler le crible; d'autres des pochoirs. |
Kulik
(vers 1850)
Nombreux sont ceux qui ont traqué le nombre premier tel
l'Autrichien Kulik qui y consacra 20 ans de sa vie pour décomposer tous les
nombres en facteurs premiers jusqu'à 100 millions.
|
C'est seulement 100 ans plus tard qu'Euler
montre que : 232
+ 1 = 4 294 967 297 = 641 x 6 700 417
2n – 1 est toujours composé si n n'est pas premier (facile a
montrer); Ce sont les nombres de Mersenne (Mn), lequel les étudia
en détail.
Mais tous les 2n – 1 avec n
premier ne sont pas premier! Le premier fut trouvé en 1536 : 211
– 1 = 2 047 = 23 x 89.
En 1738, Euler montre que
Cataldi se trompe pour 29 en trouvant 233 comme diviseur. Il suffisait de
prendre le résultat de Fermat pour k = 4, ce qui laisse penser que Fermat
aussi connaissait ce résultat. Euler prouve aussi que Cataldi a vu juste pour
31.Ce sera le plus grand nombre premier durant 200
ans.
Euler donne le fameux nombre (231 – 1)
comme premier, puis doute dans un courrier d'octobre 1753 à Goldbach. En 1772, son courrier à
Bernoulli est publié : 231 – 1 est bien premier. Il le prouve
car tous les diviseurs premiers de 231 – 1 doivent être de la
forme 248n + 1 ou 248n + 63. En divisant par tous
les premiers de cette forme, inférieurs à 46 339, on vérifie qu'il est bien
premier.
Euler avait donné 231 – 1 premier dès 1732,
mais aussi 241 – 1 et 247 – 1 qui tous deux ne le sont
pas! Bilan
Euler a fortement contribué à l'étude des nombres
premiers: Calcule M31
= 231 – 1 = 2 147 483 647 et montre qu'il est premier. Factorise 232
+ 1, etc. Il étend le petit théorème de Fermat. Il introduit la fonction Phi (n), donnant la quantité de nombres qui sont premiers avec n, et inférieur à n. NB : ne pas confondre avec Pi (x) Il trouve 60 paires
de nombres amiables. Il montre que la série harmonique est divergente, et aussi la
série équivalente avec les nombres premier. |
Série harmonique |
Équivalent
avec les nombres premiers |
1/2 + 1/3 + 1/4 + 1/5 + 1/6 +... = Croît
comme log (n). Il faut
10434 termes pour atteindre la somme de 1 000. |
1/2 + 1/3 + 1/5 +
1/7 + 1/11 +... = Croît comme log (log (n)). La
suite de tous les premiers connus donne seulement 4. |
Peter
Barlow (en 1811)
Dans son livre " la théorie des
nombres ", il dit que 230 (231-1) est le plus
grand nombre parfait qui ne sera jamais découvert. En effet, ces nombres sont
de simples curiosités inutiles, et il est probable que personne ne cherchera
à en chercher d'autres plus grands. |
Landry (en 1867)
Il trouve le plus grand nombre premier, en essayant par
divisions. Il s'agit d'un des facteurs divisant 259 – 1. Il s'agit du
nombre 3 203 431 780 337 = (259 – 1) / 179 951.
Ce nombre détient le record du premier non -
Mersenne le plus grand, trouvé sans ordinateur. |
En 1876, Lucas développe un test astucieux pour savoir
si un Mersenne est premier. La méthode sera simplifiée par Lehmer vers 1930,
et elle est toujours utilisée. La séquence
S(n) est calculée modulo 2p – 1 pour gagner du temps. Cette
formule est idéale en binaire car la division par 2p – 1 (en
binaire) est effectuée par simples rotations et additions. Il montre que M127 (1039) est premier.
Il sera le détenteur du record du plus grand nombre premier avant l'utilisation
des ordinateurs et découverte d'un nouveau record en 1951. |
Nombre |
Chiffres |
Année |
Par |
Méthode |
|
217 – 1
|
6 |
1588 |
Cataldi |
Essais par division |
|
219 – 1 |
6 |
1588 |
Cataldi |
Essais par division |
|
(237 –
1) / 223 |
|
1640 |
Fermat |
Essais par division |
|
231 – 1 |
10 |
1772 |
Euler |
Essais par division |
|
(259 – 1) / 179 951 |
13 |
1867 |
Landry |
Essais par division |
|
2127 – 1 |
39 |
1876 |
Lucas |
Test de Lucas |
|
(2148 + 1) / 17 |
44 |
1951 |
Ferrier |
Théorème de Proth |
|
Ferrier
(en 1951)
Il utilise un calculateur de bureau et la technique
basée sur les inverses partiels du petit théorème de Fermat.
La même année, on trouve un premier de 79 chiffres,
mais avec un ordinateur. |
Suite |
Historique sur la quantité des
nombres premiers
Nombres premiers – Index |
Voir |
Histoire – Index
|
Livre |
L'ÉQUATION DE DIEU – Igor et
Grichka Bogdanov – Grasset – 2019 – Bernhard
Riemann avait découvert en 1859 une mystérieuse
formule qui, selon ses propres mots, "indiquait le chemin qui mène
vers Dieu". |
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